Cyrian ravi

CNOSF/KMSP
Cyrian Ravet a ouvert le compteur du groupe France de taekwondo dès la première journée de compétition, médaillé de bronze dans la catégorie des moins de 58 kilos. Prometteur !
Allez, instant confession pour commencer : on doit reconnaître avoir cédé à la facilité du jeu de mots pour titrer cet article. Car « ravi », Cyrian Ravet ne l’a pas été lorsqu’il a conquis la médaille de bronze aux dépens du Vénézuélien Yohandri Granado, en deux rounds sans appel (2-0, 6-2). Il n’a rien montré, impassible, paré à retourner au vestiaire au pas de course, comme déjà focalisé sur le prochain combat. Et pour cause : il ne savait pas qu’il n’y en aurait pas d’autre, et que le repêchage qu’il venait de gagner valait podium olympique ! Soucieux de ne pas lui parasiter l’esprit et en l’attente d’une annonce officielle, le staff français s’était – logiquement – abstenu de lui dire avant qu’il monte sur le tapis que Vito Dell’Aquila, adversaire programmé derrière pour le bronze, avait annoncé son forfait à la presse italienne pour cause de blessure, et que la médaille se jouait donc un tour plus tôt.
Un drôle d’épilogue à une drôle de journée vécue par notre tricolore, toute en montagnes russes. A l’image de cette entame face à Georgiy Gurtsiev, où il rectifie spectaculairement un 0-6 initial pour l’emporter en deux rounds, 7-6 et 5-3. En quarts de finale, il s’incline sur le fil face au champion du monde et n°1 mondial des moins de 54 kilos, Tae-joon Park (5-8, 4-3, 4-5)... et doit prendre son mal en patience, suspendu au sort du Sud-Coréen pour savoir si la compétition continue pour lui ou non. Quand Park se hisse en finale, il propulse par la même occasion notre Français en repêchages.
Sur le dernier combat j’ai pris la ferveur du public, je me suis amusé et c’est là où je me suis vraiment libéré
La suite est connue. Une victoire toute en maîtrise – le Vénézuélien attendra les toutes dernières secondes de la partie pour inscrire ses seuls points – pour une médaille de bronze fêtée ensuite dans l’intimité de la chambre d’appel, avec l’encadrement français, en l’attente de la proclamation des résultats face au public, à l’heure originellement prévue de la petite finale. C’est le premier podium olympique pour Cyrian, 21 ans et déjà triple champion d’Europe (2020, 2021, 2022). « C’est super. Je venais pour l’or mais une médaille autour du cou, peu importe le métal, je prends ! J’aurai beaucoup appris de cette compétition. En réalité, les Jeux, il ne faut pas les prendre trop au sérieux. Sur le dernier combat j’ai pris la ferveur du public, je me suis amusé et c’est là où je me suis vraiment libéré Il aurait fallu que je fasse ça avant. C’est peut-être ce qui m’a manqué contre Park. Mais ‘‘let’s go’’ ! Cette médaille valide le début d’une grande quête, d’une histoire. Rendez-vous à Los Angeles ! »
D’ici là, le taekwondo français n’en a pas fini avec ces Jeux de Paris. Loin de là. Souleyman Alaphilippe sera en lice chez les moins de 68 kilos dès demain (jeudi), avant l’entrée en scène de nos championnes du monde 2023, Magda Wiet-Hénin (-67 kg) vendredi, et Althéa Laurin (+67 kg) samedi, toutes deux en chasse d’un titre olympique après lequel le taekwondo a plusieurs fois couru depuis l’introduction de ce sport aux JO, à Sydney 2000, sans jamais atteindre le Graal. A ce titre, l’élan donné par Cyrian Ravet pourrait s’avérer précieux : « C’est bien pour l’équipe et le collectif, ça va booster tout le monde de commencer par une médaille dès le premier jour, estime le Directeur technique national, Patrick Rosso. On a quatre représentants engagés ici et les quatre peuvent potentiellement aller chercher une médaille. La première partie du contrat est remplie, et on voit même que Cyrian n’était pas loin en quarts. Il avait l’or dans les jambes. Cela va conforter les autres qui arrivent derrière qu’ils sont prêts, au niveau pour jouer avec les meilleurs et prétendre aux médailles, voire aux titres. »
Crédit : CNOSF/KMSP