Légendaires

CNOSF/KMSP
Equipe de France de volleyball
Ils ont remis ça. Déjà couronnés à Tokyo il y a trois ans, les volleyeurs français ont conservé leur titre à la maison. Ils sont les premiers dans leur discipline à réaliser le doublé olympique au XXIe siècle. Et imitent les Experts du handball, jusque-là seuls représentants d’un sport collectif français à avoir réussi le ‘back-to-back’.
Cette équipe-là se situe très haut dans la légende du sport français. Les Bleus du volley-ball ont conservé leur titre olympique conquis à Tokyo, surclassant Italie et Pologne dans la dernière ligne droite pour asseoir leur statut. Une véritable continuité pour un groupe qui, s’il a changé d’entraîneur entre-temps (l’Italien Andrea Giani a remplacé Laurent Tillie), a conservé sur le parquet la même ossature. Ils sont ainsi dix à être devenus ce samedi doubles champions olympiques : Antoine Brizard, Barthélémy Chinenyeze, Trevor Clévenot, Jenia Grebennikov, Nicolas Le Goff, Yacine Louati, Earvin Ngapeth, Jean Patry, Kévin Tillie et Benjamin Toniutti, renforcés à Paris de Quentin Jouffroy, Théo Faure et le remplaçant Timothée Carle.
Les mêmes visages, mais, d’une Marseillaise à l’autre, une histoire différente. A Tokyo, le parcours des Bleus avait été rocambolesque, palpitant à en rendre leurs suiveurs cardiaques : la qualification in extremis pour les quarts, en tant que quatrième (et dernier qualifié) de poules, les cinq sets contre la Pologne (tiens, tiens) en quarts, avant encore cinq sets en finale contre le comité olympique russe. Ce ne pouvait être que différent à Paris. D’abord et avant parce que cette équipe l’avait déjà fait. Elle n’était plus cette équipe qui devait prouver sur la scène suprême des Jeux. Et ça change tout dans les certitudes. Ensuite parce que nos Bleus, depuis l’arrivée sur le banc d’Andrea Giani début 2022, ont entretenu leur culture de la gagne, en attestent les deux Ligues Mondiales remportées (2022, 2024).
Cette équipe dorénavant composée pour large majorité de trentenaires est arrivée au sommet de son art et l’a démontré à Paris, notamment dans les tours à élimination directe (on ne leur tiendra pas rigueur de la défaite en poules contre la Slovénie, alors qu’ils étaient déjà qualifiés pour les quarts). Il y eut certes l’alerte rouge contre l’Allemagne, qui se détacha deux manches à rien en quarts. Mais les Bleus surent se montrer fidèles à leur histoire et leur réputation et ne lâchèrent rien pour l’emporter 15-13 au dernier set. Place aux chefs-d’œuvre : trois sets à zéro en demies contre l’Italie et trois sets à zéro en finale contre la Pologne, les deux pays ayant pourtant trusté les titres mondiaux et européens en ce début de décennie 2020. Mais quand nos Bleus sont à ce point transcendés par leur compétition…
Une finale à sens unique
Pas plus que les Italiens un tour plus tôt, jamais les Polonais n’ont paru réellement en mesure de les contrarier en finale. Une fois le premier écart créé (11-8), nos Français n’ont plus relâché l’étreinte. Impériaux en défense, poussant les Polonais à forcer leurs attaques et, fatalement, à partir à la faute, ils ont aussi affiché la diversité de palette qui est leur marque – cette courte arrière de Barthélémy Chinenyeze à la fin d’un rallye pour le +4, un régal ! Le premier set est clairement dominé : 25-19. Le deuxième est plus accroché, les Polonais tenaces… mais le score ne le traduit guère tant les Bleus serrent le jeu en fin de set (25-20). On a même ici des scrupules à faire ressortir des noms tant c’est tout un collectif qui est au diapason. Citons Antoine Brizard dont les deux blocks successifs en milieu de set font basculer le score en faveur des Bleus (13-12), ou le tandem Patry - Clévenot qui, à ce moment, a déjà franchi la barre des dix points marqués. Sans oublier Earvin Ngapeth et Jenia Grebennikov dont l’apport primordial ne se traduit pas – ou pas que – via une ligne de stats.
En volley, où un set perdu est si vite arrivé, rares sont les équipes à dominer aussi nettement une fin de compétition majeure. Mais même à deux sets zéro, les Bleus ne relâchent pas l’étreinte. La finale bascule peut-être définitivement sur le point de ‘‘dingos’’ conclu, après moult défenses, tout en finesse par Jean Patry (20-18). Les Polonais subissent derrière les foudres de Quentin Jouffroy au service (deux aces) et concluent 25-23 leur démonstration. Ils rejoignent l’URSS et les États-Unis comme seules équipes à avoir réalisé le doublé en volley aux JO. Ils entrent aussi au Panthéon des sports collectifs français : ils ne sont que la deuxième équipe à réaliser le doublé olympique, après les mythiques Experts du handball (2008-2012)… et avant, on l’espère, les handballeuses d’Olivier Krumbholz d’ici quelques heures !
Volley : Pour l’Histoire