Princesse Anastasiia

CNOSF/KMSP
Anastasiia Kirpichnikova
La Paris La Défense Arena finissait à peine de reprendre son souffle après l’ouragan Marchand (premier du nom) qu’Anastasiia Kirpichnikova se chargeait de solliciter à nouveau des cordes vocales déjà bien éraillées du côté des 17 000 spectateurs des tribunes. Dans une finale du 1500 m vouée à être dominée par l’Américaine Katie Ledecky (record olympique à la clé, et on crut même un temps au record du monde), le podium semblait jouable pour la Française, son troisième temps des demies étant là pour en attester. Mais la deuxième marche ? « Non, je ne m’y attendais pas, et j’ai encore du mal à y croire, rayonnait la jeune femme de 24 ans à l’issue de la course la plus importante de sa vie. Deuxième ! Et en 15 minutes 40 ? J’étais choquée ! »
Car oui, en bouclant sa finale en 15’40’’35 très précisément, elle a non seulement mis une claque à son propre record de France, établi lors des Mondiaux de Fukuoka l’an passé (15’48’’53), mais elle a surtout tenu à distance la concurrence pour s’accaparer avec autorité de l’argent olympique, trois ans après une septième place sur la même distance aux Jeux de Tokyo. On a pourtant craint un temps qu’elle ne soit partie trop vite, aspirée par le sillage de Ledecky au couloir voisin. Mais non. Elle n’a jamais coincé, ni ne s’est crispée sous la pression mise par l’Allemande Isabel Gose et l’Italienne Simona Quadarella, restées jusqu’au bout au contact.
« Je vais lui dire ‘‘merci’’. Merci. Entre lui et moi, des fois on est énervés, des fois on ne parle pas, des fois… Mais s’il n’était pas là, je n’aurais rien. »
Trois nageuses pour deux médailles : la configuration avait pourtant de quoi rappeler de mauvais souvenirs à notre Française. « L’année dernière, aux Mondiaux, j’étais encore troisième aux 200 derniers mètres mais la Chinoise (Li Bingjie, ndlr) juste derrière était revenue me dépasser à la fin. J’y ai pensé, j’ai eu très peur que ça se reproduise. » Des pensées parasites qui n’ont fort heureusement pas eu de répercussions sur sa nage. « Sur les premiers 1000 m, j’étais facile, plus facile qu’hier, et même plus facile que tout ce dont je peux me souvenir. C’est le meilleur 1500 m que j’ai jamais fait en termes de feeling. J’avais eu pas mal de problèmes en début d’année mais là tout le travail fait paye au bon moment. »
Alors quand une dernière question relative à son entraîneur, Philippe Lucas, lui fut posée tandis qu’elle était déjà en train de s’en aller, la nouvelle vice-championne olympique s’arrêta et fit deux pas en arrière pour prendre le temps de répondre : « Là c’est la folie après la médaille, je n’ai pas encore pu le voir. Je vais lui dire ‘‘merci’’. Merci. Entre lui et moi, des fois on est énervés, des fois on ne parle pas, des fois… Mais s’il n’était pas là, je n’aurais rien. »
Léon Marchand survole la concurrence
Ce dimanche 28 juillet, notre nageur français, Léon Marchand, est devenu champion olympique du 400 mètres quatre nages. Impérial en finale, il a battu le record olympique de Michael Phelps (4’02’’95).