Cécile Hernandez (para snowboard) : “Tout ce combat m’a donné une hargne”

Cécile Hernandez, para snowboard, portrait

CPSF

Rescapée, c’est le mot qui vient à la bouche quand on pense à Cécile Hernandez. Depuis quasiment deux ans, notre para snowboardeuse, atteinte de sclérose en plaques, est passée par tous les états pour avoir le droit de pratiquer son sport en compétition : catégorie supprimée en raison d’un nombre insuffisant de concurrentes, écartée des compétitions, ré-intégrée dans une catégorie de handicap différente pour toutes les compétitions sauf les Jeux Paralympiques, pour finir par une bataille juridique avec l’IPC qui enfin lui donne raison. Cécile Hernandez décroche alors son billet pour les Jeux Paralympiques. Fatiguée, soulagée, déterminée.

 

Quelle saga cette sélection Cécile, on y a cru, puis non, puis finalement si, que s’est-il passé ? (1)
En 2019, l’IPC (International Paralympic Committee) annonce que ma catégorie, la LL1 va sauter car il n’y a pas assez de nations engagées sur les mondiaux. C'est en effet une catégorie qui a du mal à trouver des femmes. Avec Christian Femy (le directeur sportif) on réagit, et on demande à courir dans une catégorie où le handicap est inférieur au mien, la LL2, je serais donc désavantagée.

Lors de la saison 2020/21, le Word Para Snowboard propose de regrouper les catégories, pour faire un podium complet. Nous sommes deux dans cette situation, avec Brenna Huckaby (USA), nous concourons alors en LL2 et je gagne les deux Coupes du monde. En mai 2021, nous apprenons que ces deux catégories n’auront pas le droit d’être regroupées aux Jeux Paralympiques. Nous avons envoyé des courriers à l’IPC, qui nous a répondu qu’intégrer les filles LL1 changerait les visages des Jeux... On a tout tenté, essayé toutes les voies à l’amiable avec CPSF et la FFH. Cela n’aboutissait pas alors j’ai choisi de tenter une action en justice face à l’IPC, à titre personnel, afin de demander à concourir dans une catégorie plus forte que la mienne, ça a été refus, refus, refus. De son côté Brenna a tenté la même chose, elle a obtenu gain de cause le 20 janvier, mais l’IPC ne changeait pas de position par rapport à moi. On a de nouveau porté plainte contre l’IPC avec mon avocat, et obtenu gain de cause le 16 février, puis on a attendu les papiers de l’IPC. Et je peux te dire que là tu les comptes les secondes, les minutes, les heures. Entre temps le Canada a porté plainte contre moi, il a fallu faire une autre procédure contre eux. J'ai fini par avoir confirmation le 18 février à 14h06, que j'avais l’autorisation de l’IPC de participer aux Jeux en catégorie LL2.

 

Cette longue bataille ne te laisse-t-elle pas un goût amer ?
Nous aurions pu trouver une issue positive bien avant. C’est dommage, car j’avais prouvé en gagnant les Coupes du monde en catégorie LL2, que j’étais capable, surtout que ce sont ça les valeurs du paralympisme: l’adaptation, le dépassement de soi, l’inclusion. Ne montrer qu’une seule catégorie aux Jeux, n’est malheureusement pas représentatif de toutes les formes de handicap. Chez les filles, à Pékin, il y a juste une catégorie handicap membre inférieur et pas supérieur, alors que c’est le cas pour les garçons. A un moment, nous avons même proposé de concourir avec les garçons ! Bien sûr, il faut des règles, elles sont là pour être respectées, et c’est le rôle de l’IPC que de veiller à cela. Mais il est dur de s’entrainer depuis des années, et de ne finalement pas concourir. Avec la fédération on continuait de faire vivre ma catégorie, j’étais parfois seule au départ, à me battre contre ma sclérose en plaques, contre mon moral. On s’est battu, et les gens autour de moi et sur les réseaux ont été solidaires de ce combat.

 

Pour éviter la suppression de certaines catégories et l’éviction conséquente de certains para athlètes des Jeux, est-ce que la solution ne serait pas la mise en place de chronos pondérés en para snowboard, comme cela existe déjà en para ski alpin et para ski nordique ?
Bien sûr. A ce jour nous n’avons que trois catégories avec celles des garçons (NDLR : la catégorie UL, “handicap membre supérieur” n’existe pour le moment pas chez les filles). Ce serait plus juste, car le temps compensé équilibre les différences de handicap. Et c’est plus excitant pour le public aussi, ce serait beaucoup plus excitant, à regarder. Je suis pour à 2000%. En revanche, pour le snowboardcross, comme nous partons toutes ensemble ce ne serait pas possible, pour le slalom, je suis pour.

 

Il y a eu beaucoup de nuits blanches mais j'arrive là-bas boostée !

 

Ces revirements ont dû être difficiles à vivre, on espère que cela n’a pas eu trop d’impact sur ton moral et ta santé. As-tu réussi à te préserver ?
C’était un combat sportif, humain et aussi un combat de maman, dans les valeurs que je donne à ma fille. Je lui dis toujours que si tu veux quelque chose dans la vie, il faut te battre. Je suis en forme techniquement, je me suis entrainée, mais je suis quand même fatiguée par tout ça. J’ai versé beaucoup de larmes, il y a eu beaucoup de nuits blanches mais j'arrive là-bas boostée.

 

Depuis deux ans, tout a été bousculé en raison du Covid, comment as-tu organisé tes entrainements et déplacements dans cette période particulière ? 
Pour le premier confinement, je me suis retrouvée à passer deux mois avec ma fille, en pleine saison sportive, ce qui n’arrive jamais, c’était incroyable. Après, on a pu reprendre les entrainements sur neige, on a été des vrais privilégiés. Ma station d’hiver a mis en place des choses pour que je puisse m’entrainer. Comme je suis par ailleurs conférencière, j'ai fait des conférences en visio, à distance. Ca a développé ma capacité d’adaptation, comme tu peux moins t’exprimer avec des gestes, moi c’est surtout avec les mains, j’ai dû trouver des mots plus forts.

 

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CPSF/Grégory Picout - Cécile Hernandez, Peyongchang 2018

 

Ton histoire est celle d’une ascension fulgurante dans l’Equipe de France Paralympique, tu l’intègres en 2013 et tu fais tes premiers Jeux à Sotchi quelques semaines plus tard et tu décroches l’argent (snowboard cross), quatre ans plus tard c’est l’argent (banked slalom) et le bronze (snowboard cross) à Pyeongchang. Depuis tu as accumulé l’expérience, est-ce qu’on aborde les troisièmes Jeux de sa vie différemment ?
Forcément différemment car je concours dans une nouvelle catégorie. J’avais promis d’arrêter après Pyeongchang, mais je ne l’ai pas fait, car je savais que j’avais une marge de progression. Depuis, j'ai fait des choix personnels, des choix en termes d’entrainement, j’ai vraiment beaucoup progressé. Il faut juste que je récupère un peu physiquement, mais j’ai l’impression que tout ce combat m’a donné une hargne, pas négative, ça a décuplé ma motivation. Comme je le dis toujours l’âge ne se compte pas en années, mais en motivation, en expérience, en hygiène, en détermination.

 

Lors des Championnats du monde à Lillehammer 2022, tu as décroché l’or en para snowboard cross et l’argent en banked slalom, dans quel état d’esprit ces résultats te mettent-ils à l’approche des Jeux ?  
Je souhaite surtout m’épanouir et prendre du plaisir dans cette paralympiade chinoise, être relâchée, et surtout que ma sclérose en plaques me laisse un peu en paix. Si le matin de ta course la maladie décide de me rattraper je ne peux rien y faire, là c’est les tripes qui prennent le relais, tout va se jouer au mental, le reste suivra.

 

Ce voyage est particulier, as-tu mis en place des mesures spécifiques anti-covid pour partir le plus sereinement possible ? 
Pour ma part, je me suis toujours beaucoup protégée à cause de ma maladie qui affaiblit mon système immunitaire. Je n’ai pas attendu le covid pour me laver beaucoup les mains, car je sais à quel point attraper quelque-chose peut être compliqué pour moi.

 

(1) Suppression de la catégorie LL1 par l’IPC faute de compétitrices. En 2020 Cécile avait passé les tests pour intégrer la catégorie LL2 (handicap de moindre impact sur la pratique sportive), option pourtant refusée par l’IPC, Cécile a saisi la cour de justice de Düsseldorf, et a gagné son droit à participer aux Jeux.

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