« Beaucoup d’émotions qui se bousculent »
Ce n’est pas l’or olympique qu’elle escomptait (re)conquérir, mais c’est tout de même une médaille. Clarisse Agbégnénou tentait de démêler ses ressentis à l’issue d’un tournoi où elle a certes rendu sa couronne des moins de 63 kilos – battue en demies par la Slovène Andreja Leski – mais glané tout de même sa troisième médaille olympique dans la catégorie en dominant l’Autrichienne Lubjana Piovesana en petite finale. Elle devient ainsi la première judokate française à remporter trois médailles individuelles aux Jeux.
Quel sentiment prédomine quelques minutes après la fin de votre journée de combats ?
Il y a tout qui prédomine. Je suis déçue, énervée, contente… Beaucoup d’émotions qui se bousculent à la fois. Il y a une médaille au bout et en même temps pas celle que je venais chercher. J’étais tellement au-dessus en demies… Je rate le coche. Ce n’est pas facile, mais je me dis que le chemin a été long pour revenir, avec la grossesse (sa fille Athéna est née en juin 2022, ndlr), l’allaitement… Ce n’était pas simple. Mais quand je suis autant au-dessus comme ça… Je suis déçue de ne pas avoir rapporté cette médaille d’or. J’aurais dû gagner à la maison. Sur le moment, ce n’est pas facile de se contenter de cette médaille de bronze. Mais une fois que je l’aurai autour du cou et que je serai sur le podium, je sais que je la savourerai.
Pouvez-vous débriefer votre demi-finale et ce contre de votre adversaire Andreja Leski valorisé waza-ari à 15 secondes de la fin ?
Je fais une faute tactique. C’est un mauvais choix. J’aurais dû attendre, me dire « Ça va le faire, je suis en avance aux shidos ». J’étais au-dessus sur ce combat mais je n’ai pas gagné, elle a bien saisi son opportunité. Je n’ai pas été assez maligne, j’ai voulu marquer alors que parfois le shido suffit, il vaut mieux attendre le golden score. Je pense que je m’en voudrai longtemps de cette situation qui me coûte une finale olympique. J’ai été trop gourmande.
Je n’arrêterai pas là. Avec la force physique que j’ai et ce que j’ai ressenti aujourd’hui, je ne me mets pas de freins. On va aller chercher une autre médaille d’or
On parle beaucoup du public depuis le début des compétitions ici au Champ-de-Mars mais, pour vos combats, on a encore franchi un palier en termes de décibels...
(Son visage s’éclaire) Ah mais ce public qu’on a eu là… Mais j’ai envie de dire, venez tous à Los Angeles dans quatre ans, s’il vous plaît ! On peut les remercier pour toute cette énergie. Je ne sais pas si ça s’est vu au début de mon combat pour le bronze, mais je n’ai plus la notion du temps. J’étais tellement énervée, pas dedans. Et puis j’ai entendu le public et je me suis dit « Clarisse, tu dois les récompenser avec une médaille ici à Paris, à la maison. »
Vous parlez de Los Angeles : vous vous projetez déjà ?
Là j’ai toutes les couleurs de médailles, j’ai une médaille à tous mes JO aussi (argent à Rio, or à Tokyo, bronze à Paris, ndlr), mais je n’arrêterai pas là. Avec la force physique que j’ai et ce que j’ai ressenti aujourd’hui, je ne me mets pas de freins. On va aller chercher une autre médaille d’or. On va faire ce qu’il faut, se reposer, peut-être avoir d’autres enfants et revenir pour Los Angeles, oui. J’ai encore la pêche donc ‘let’s go’ !
Et à plus court terme il y a encore une médaille par équipes à conquérir à Paris…
Je serai là, j'ai encore de l'énergie ! On ne va pas lâcher. Je me laisse jusqu’à demain (mercredi) pour sortir de toutes ces émotions et après je me remets dedans parce qu’il faut qu’on aille chercher cette belle médaille à la maison.
L’oeil de…
Ludovic Delacotte, son entraîneur
« C’est une chercheuse d’or, forcément. Maintenant l’histoire est belle. Il faut se rappeler que Clarisse n’a redémarré qu’il y a deux ans, et que durant ces deux années elle a réussi à décrocher un titre de championne du monde (2023), une autre médaille mondiale (2024, bronze) et maintenant une nouvelle médaille olympique, même si ce n’est pas celle qu’elle voulait. Les Jeux, c’est une compétition à part, toutes les grandes championnes l’ont expérimenté à un moment ou un autre. Si vous regardez la catégorie aujourd’hui, elle est presque la dernière rescapée des têtes de série ! C’est normal, c’est la compétition de haut niveau, chacun veut la place. Maintenant ce qui est remarquable, c’est que même si la première minute était difficile et peut-être qu’elle n’était pas encore dans sa place de trois, c’est une grande championne, il y a eu de la réaction et à l’arrivée ça fait une très belle troisième médaille olympique individuelle. »
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