Delphine Claudel (ski de fond) : « Je veux avoir zéro regret»

Claudel Delphine ski de fond portrait

CNOSF

A 25 ans, Delphine Claudel est l’indiscutable leader du ski de fond français. Originaire des Vosges, elle progresse régulièrement dans la hiérarchie comme l’attestent notamment les deux podiums atteints en Coupe du monde lors de la dernière étape du « Tour de Ski » en 2021 et en 2022. Elle aborde les Jeux de Pékin avec beaucoup d’ambition, rêvant même d’être la première Française à obtenir une médaille dans cette discipline… 

 

Comment as-tu découvert le ski de fond dans tes Vosges natales ?
En fait à l’école primaire, j’ai fait de l’athlétisme au club de La Bressaude. J’étais d’un naturel plutôt remuant et j’aimais bien les sports de plein air. J’avais des copains qui faisaient du ski de fond et au collège j’ai bifurqué vers le ski de fond de manière assez naturelle. Il faut dire que les pistes et le foyer de ski de fond dont sa base d’entrainement est au chalet Gervais Poirot (1) sont à deux pas de chez moi.

 

En athlétisme, tu avais une spécialité ?
A cette âge-là, on faisait surtout du cross. J’ai gagné quelques courses mais je ne me souviens plus très bien lesquelles.

 

Et tu viens d’une famille sportive ?
Mes parents et ma sœur ne pratiquent pas de sport, je suis la seule à la maison. En revanche, j’ai passé mon enfance avec mes cousines qui habitent à 200m de chez moi et elles pratiquaient le ski alpin à un bon niveau régional et national.

 

Tu as connu une première expérience des Jeux, il y a quatre ans à PyeongChang. Au-delà des résultats (2), comment as-tu vécu cette découverte de l'univers olympique ?
C'était incroyable. On ne peut pas l'imaginer tant qu'on ne l'a pas vécu. Tout est cadré, tout est plus grand, c'est quelque chose d'unique à vivre. Pour moi ça a été une super découverte, et tellement sympa à vivre ! Il y a quatre ans, je savais que je n'y allais pas pour jouer individuellement, j'étais là pour compléter le relais. Quand j'ai pris le départ en dernière relayeuse, j'avais la banane, le sourire jusqu'aux oreilles, j'étais tellement contente de pouvoir représenter la France là-bas, c'était vraiment énorme.

J'ai vécu une fois tout ça sans avoir de complexe en me disant que je n'avais pas besoin d'être performante tout de suite, que je ne jouais encore rien, et il se trouve que je n'étais pas à l'époque au meilleur de ma forme physique. Là, cette année, dans ma tête, je n'y vais pas pour l'expérience, mais vraiment pour la performance. C'est carrément une autre dimension. Je connais cette ambiance, j'y suis préparée, je sais que tout est grand, qu'on a envie de tout regarder, qu'on veut se balader, qu'on pense aux copains, à tous les Français qui concourent dans les autres disciplines. Alors que là, je suis déjà « focus » sur ma course parce que je sais que c'est comme cela que l'on peut performer aux Jeux.

 

Pressesports 116393 0044Crédit photo : PRESSESPORTS / Martin Richard

 

Tu as annoncé à l'automne vouloir t’aligner sur deux courses individuelles, le skiathlon et le 30 kilomètres skate. Est-ce toujours d'actualité ?
Oui, ce sont les courses que nous avons dans le viseur avec mon entraîneur et sur lesquelles nous travaillons depuis toute la saison, à côté du reste. Je me prépare pour ça, mais bien sûr, j'espère pouvoir revivre un relais féminin en compagnie des camarades avec qui je n'entraîne actuellement.

 

Je sais que nous sommes sur la bonne voie, que nous ne sommes pas à côté de la plaque.

 

Lors de la saison 2020-2021, tu es montée sur un premier podium en Coupe du monde, tu as gagné des courses sur le circuit FIS. Cela a-t-il boosté ta confiance ?
Clairement, mais ce n'est pas le podium sur la montée de l’Alpes Cermis à Val di Fiemme qui m'a apporté le plus, c'est ma septième place dans le skiathlon des championnats du monde d'Oberstdorf, qui m'a montré que je pouvais skier aussi vite que les meilleures mondiales sur une épreuves plus « conventionnelle » que la montée. C'est cela qui m'a donné beaucoup de confiance. En ce début de saison olympique, je me rate à Lillehammer, je me classe 21e, un résultat qui reste très correct pour une course où je passe un peu à côté. Ensuite à Davos, j'étais plus concentrée et je me sentais plus préparée, j'ai fini septième du 10 km à onze secondes du podium, donc j'y crois, je sais que nous sommes sur la bonne voie, que nous ne sommes pas à côté de la plaque et qu'il faut continuer dans ce sens-.

 

Tu sembles très attachée au format du skiathlon…
C'est la course la plus complète, parce qu'il y a du classique et du skate, c'est vraiment les cadors, les meilleures qui s'imposent sur la distance. Pour moi, c'est une super épreuve, elle représente l'athlète complet. C'est une belle course à faire. Partir en mass start, changer de style, je trouve ça hyper sympa. Faire septième aux Mondiaux, et avoir les 4e et 5e pas loin, batailler, aller chercher cette place, et en plus être un peu frustrée parce que j'avais eu des couacs pendant l'épreuve, c'est clair que cela m'a fait du bien.

 

Delphine1 V2
Crédit photo : FFS/ agence ZOOM

 

Quel est le style qui te réussit le mieux, le classique ou le skate ?
C’est quand même le skate, c'est là où j'ai réalisé mes meilleures performances. Mais j'adore le classique, c'est un style que je trouve hyper beau, très agréable, même si pour l’instant je manque de sensation dans ce style. Le classique était vu comme notre faiblesse en France car nous n’arrivions pas forcement à performer là-dedans, mais désormais on passe outre en voyant des athlètes comme Richard Jouve qui arrive à faire des podiums en sprint classique ou en voyant des « distanceurs» faire des top 10 . Je me dis que nous ne sommes pas plus mauvais que les autres et que nous pouvons le faire. De mon côté c’est un axe que je désire travailler.

 

Comment prépare-t-on un 30 km, dans la mesure où il n’y en a pas sur la Coupe du monde féminine ?
Ça se prépare dans des intensités à l'entraînement, on fait du seuil, de la PMA (3) longue, on essaye des choses, comme les ravitaillements, on s'habitue à prendre un gel pendant un effort long. Ce sont des choses un peu basiques que l'on ne sait pas faire si on ne s'y prépare pas.

 

 J'ai envie de dire que si je réussis cela, j'arrête tout !

 

La France n'a jamais obtenu de podium olympique en ski de fond féminin, ce serait extraordinaire d'y parvenir, non ?
Ah oui, ce serait incroyable ! J'ai envie de dire que si je réussis cela, j'arrête tout ! Le soir il faudrait fêter ça, ce serait un accomplissement énorme, pour tout le staff pour toute l'équipe, pour tous ceux qui croient en moi. C'est un truc de dingue que j'ai au fond de moi, j'ai envie de le sortir et de vivre ça. Je sais que si tout s'aligne, c'est possible. Il y a une petite chose qui pourrait arriver, je le sais et je vais tout faire pour que ça le fasse. Les Jeux, c'est toujours spécial, il y a des athlètes attendus qui passent complètement à côté, et d'autres qui ne sont pas attendus, et paf, ils claquent la performance de leur carrière, et pour ce genre d'exploit, je signe tout de suite. Il y a cette pression qui en fait vriller quelques-uns, et d'autres qui arrivent à vivre le moment et qui y vont à fond. Si je peux faire une course pleine et surprendre, tant mieux, si je fais un top 5, ce sera déjà bien, et sinon, je me dirai que j'ai tout donné. Je veux avoir zéro regret.

 

Comment les choses se passent-elles avec tes coéquipières en Équipe de France. Y a-t-il une bonne émulation ?
Franchement, c'est quelque chose que j'apprécie énormément. Nous étions quatre filles cette année dans le groupe, et nous ne nous sommes jamais tirées dans les pattes, il n'y a eu que des discours positifs. Chacune a vraiment envie de réaliser ses objectifs. Il y a Lena Quintin qui fait de superbes performances en sprint, elle nous a toutes impressionnées et je pense qu'il y a une dynamique qui l'a aidée à passer un cap et à se dire "mais oui, c'est possible !". Les autres filles ont également hyper progressé. On voit clairement la différence avec la saison passée, le niveau s'est élevé, au point que je me suis demandé à un moment si c'était moi qui n'avais pas suivi, mais en fait non, ce sont elles qui ont monté le curseur ! C'est comme cela que l'on peut se motiver, il n'y a pas de jalousie nous ne sommes pas là pour nous battre entre nous, mais pour faire des résultats internationaux, et avant tout pour nous mesurer aux étrangères.

 

L'esprit d'équipe et le mental sont donc primordiaux…
On sous-estime un peu le mental et l'esprit d'équipe, la cohésion, l'environnement dans lequel on se trouve. Si on est dans un environnement positif avec des gens qui y croient, je suis persuadée que cela fait beaucoup plus que de faire deux heures d’entraînement en soulevant des barres, pour se dire qu'on a fait le job. Ça ne marche pas comme cela. À l'approche des Jeux, le corps et prêt, on peaufine les petits détails, mais le plus gros, ce qui va nous faire passer des caps et grimper les sommets, monter sur la boîte, c'est surtout l'esprit qu'on va y mettre, c'est pour moi le plus dur : ne rien lâcher !

 

 

(1) Gervais Poirot, athlète de combiné nordique vosgien qui a participé aux Jeux Olympiques d’hiver de Grenoble en 1968

(2) A PyeongChang, Delphine avait terminé 57e du 10 km individuel skate et 12e du relais avec l’équipe de France.

(3) La PMA (puissance maximale aérobie), c’est la puissance atteinte à VO2 max, c’est-à-dire au maximum de sa capacité respiratoire.

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