Hockey : nos deux collectifs en route pour les Jeux !

FFH/Cédric Martin

Accueillir les Jeux confère quelques avantages au pays hôte, comme celui d’être quasiment automatiquement qualifié dans toutes les épreuves. En hockey sur gazon, ce sera une première : depuis que ce sport est au programme, il y aura pour la première fois une équipe féminine et masculine française engagée, puisque les deux équipes remplissent les critères de performance proposés par la FIH et validé par le CIO pour les pays hôtes, à savoir faire partie des 25 meilleures nations mondiales ; ce quota a ensuite été validé par le CNOSF. Alors que les filles n’ont encore jamais participé aux Jeux Olympiques et disputeront leurs premières rencontres dans la compétition en 2024, leurs homologues masculins mettront fin à une longue période de disette sur la scène olympique. Un retour attendu, puisqu’il y a 50 ans, à Munich en 1972, la France participait pour la dernière fois au tournoi de hockey sur gazon des Jeux Olympiques.

 

Il y a un demi-siècle, l’équipe de France de hockey sur gazon vivait sa dernière aventure olympique. Une autre époque, où nos Bleus étaient la seule équipe de sports collectifs française qualifiée aux Jeux, et surtout un autre hockey. En 1972, moins rapide, moins débridé qu’aujourd’hui, le hockey se joue encore sur gazon naturel, et sur des terrains irréguliers voir bosselés qui demandent une certaine maîtrise technique et une grande dextérité aux joueurs. Les scores sont serrés, les matchs se font sans changements hors blessures et sont extrêmement exigeants physiquement. S’ils savent le podium promis aux grandes nations comme l’Allemagne de l’Ouest, le Pakistan ou encore l’Inde, nos Bleus se fixent comme objectif d’accrocher le top 8, et le fameux diplôme olympique qui est accordé à tous ceux qui finissent parmi les huit meilleurs d’une épreuve aux Jeux. La marche est finalement trop haute pour les hommes de Claude Windal, et après sept matchs pour deux victoires et cinq défaites en phase de poules, ils échouent à se qualifier pour les quarts de finale. Nos Bleus terminent la compétition en disputant un match de classement contre la Pologne, qui se scellera aux pénaltys, à l’issue d’une prolongation qui laissera les joueurs exténués, terminant à la 12e place du tournoi olympique ; un tournoi qu’ils ne reverront plus pendant plus d’un demi-siècle.

 

La fin d’une longue période de disette

52 ans plus tard, la France revient aux Jeux en sa qualité de pays organisateur. Un retour aux affaires qui a tardé, mais qui n’est pas pour autant immérité, puisque nos Bleus ont lutté régulièrement pour la qualif lors des dernières éditions, frôlant l’exploit à quelques reprises. Depuis quelques années, leurs ambitions sont de plus en plus élevées, et nos Bleus montent progressivement dans la hiérarchie du hockey mondial. En 2018, grâce à son classement lors de la ligue mondiale 2016-2017, l’équipe de France se qualifie pour la première fois depuis 28 ans à la Coupe du monde, ce qui n’est pas une mince affaire puisque, comme les Jeux, le tournoi ne regroupe que les 16 meilleures équipes du monde. En Inde, une des nations phares du hockey, nos Bleus ne sont pas impressionnés et se qualifient même pour les quarts de finale pour la première fois de leur histoire, battant au passage les Argentins champions olympiques en titre et se classant huitièmes.

En 2019, c’est lors des matchs de qualification pour les Jeux de Tokyo 2020 que les Bleus ont frôlé leur rêve du bout des doigts, butant sur la dernière marche avant de composter leur billet pour le Japon. Nos Bleus n’étaient pas passé loin, perdant 3-2 contre l’Espagne après un match nul 1-1 à l’aller, dans une ambiance bouillante à Valence. Malgré la défaite, ces résultats réguliers avec en ligne de mire Paris 2024 font grimper l’équipe de France dans la hiérarchie mondiale. Navigant entre la 17e et la 18e place du classement mondial entre 2010 et 2017, aujourd’hui c’est dans le top 10 mondial que nos Bleus s’installent (actuellement 9es).
Cette remontée dans la hiérarchie mondiale ne semble pas près de s’arrêter, puisque côté juniors, l’équipe de France fait aussi parler d’elle. En décembre 2021, nos Bleuets décrochaient une brillante et prometteuse troisième place lors de la Coupe du monde juniors, n’échouant qu’aux tirs aux buts en demi-finale face aux futurs vainqueurs argentins. Nos Bleus font maintenant pleinement partie des nations avec qui il faut compter lors des grandes compétitions internationales ; en 2024, ils seront bien-là, à domicile. Au sein du gotha mondial, à leur place, ils auront toutes les cartes en main pour prétendre au podium et réaliser le gros coup qui leur tend les bras depuis plusieurs années.

 

Jeunes et ambitieuses

A Paris 2024, il faudra aussi compter sur l’équipe de France féminine, qui part de plus loin que les garçons mais est, elle aussi, en pleine progression. Après de très belles performances en Coupe d’Europe B, cette jeune équipe à la moyenne d’âge actuelle de 21 ans, engrange de l’expérience en découvrant le haut niveau. En accédant à la 25e place mondiale, nos Bleues ont elles aussi rempli le critère de performance proposé par la FIH.  Nos deux équipes seront donc bien de la fête au stade Yves-du-Manoir en 2024.

 

Afin de se replonger dans l'Histoire, nous sommes allés à la rencontre d'Alain Tétard, ancien athlète de l'équipe de France de hockey qui a participé aux Jeux de Munich 1972 ...

Hockey Coupe Europe 70

Les membres de l’Equipe de France de hockey en 1970

 

On était une bande de potes

 

Il y a 50 ans, il faisait partie de la dernière équipe de France de hockey sur gazon sélectionnée aux JO. C’était en 1972, à Munich. Aujourd’hui âgé de 73 ans, Alain Tétard, à l’époque étudiant et ailier gauche, désormais dentiste et président du HCN* à la retraite est revenu pour nous sur ses années en Bleu. La passion de la crosse ne l’a jamais lâché, lui qui s’avoue halluciné des prouesses des équipes actuelles de hockey nous raconte avec plaisir l’épopée des Bleus version seventies.

 

Comment avez-vous commencé le hockey sur gazon ?
Comme beaucoup de personnes à l’époque ancienne, ça s’est fait par transmission. Mon père jouait au hockey, il était dirigeant du club de hockey de Nantes. La crosse était tombée dans le berceau comme on dit !

 

Quel-était votre poste ?
Je jouais ailier gauche. A Nantes, en troisième division, jusqu’en 1974, puis à partir de 1978 au Stade Français, en première division.

 

Comment était composé le collectif France de 1972 ? D’où venaient les joueurs ?
Après les Jeux de Mexico 68, il y a eu beaucoup de changements dans l’équipe, avec l’arrivée de nombreux jeunes, dont moi. Il y avait beaucoup d’étudiants, moi je faisais dentaire. Il y en avait seulement deux ou trois qui travaillaient et moi j’étais plein d’admiration pour eux car ils devaient poser des jours de congés pour les stages et les compétitions. Parmi les dix-huit, cinq ou six joueurs, dont moi, ne jouaient pas en première division du championnat français. A l’époque, les entraineurs nous faisaient faire des stages pour qu’on rejoigne le niveau. Maintenant ce ne serait plus possible.

 

Cinquante ans après, on est toujours en lien les uns avec les autres

 

Comment vous êtes-vous préparé pour les Jeux Olympiques ?
On se retrouvait très fréquemment, pour des tournées en Europe, en Inde, tous les quinze jours on s’entrainait ensemble en région parisienne et pendant les vacances scolaires pour des stages. On était toujours heureux de se retrouver, c’était une vraie bande de copains. Le groupe était très resserré, nous étions 22, on savait que dix-huit seraient sélectionnés pour les Jeux. On se connaissait très bien et cinquante ans après, on est toujours en lien les uns avec les autres. Le noyau dur est resté, ce qu’on a vécu tous ensemble, c’était une véritable aventure humaine.

 

Comment appréhendiez-vous les Jeux Olympiques de 1972 ?
Comme on avait fait une bonne Coupe d’Europe (ndlr : 7e place du classement), et que nous savions que quatre nations dominaient franchement le hockey mondial, on espérait faire sixièmes. On voulait le faire pour avoir notre diplôme olympique.

 

Quel était l’état d’esprit de l’équipe ?
La moitié de l’équipe avait déjà fait des Jeux et comptait arrêter après Munich, l’autre moitié débutait et faisait ses premiers Jeux. Sur le terrain c’était parfait, mais on sentait que le groupe était coupé en deux dans les activités ludiques, les sorties. Il n’y avait pas de véritable osmose, mais vous savez, ça, on a mis 40 ans à se le dire ! On ne le ressentait pas à l’époque car on était des potes mais à l’analyse, si la symbiose sur terrain était là, à l’extérieur ce n’était pas exactement la même harmonie.

 

Hockey 72 1
CNOSF/PRESSESPORT - France-Pakistan, Munich 1972

 

Le tournoi s’est déroulé avec huit matchs pour deux victoires en poules, quels souvenirs en gardez-vous ?
Je me souviens que contre le Pakistan on ne pouvait pas grand-chose, c’était une grosse équipe (défaite 3/0). Contre l’Ouganda en revanche on s’est baladés (victoire 3/1) ! Contre l’Argentine on était pas mal aussi (victoire 1/0), en revanche face à l’Espagne et l’Allemagne ça a été dur, il nous manquait le petit truc. En hockey, il y a un mouvement de jeu qui s’appelle le petit corner, obtenir un petit corner dénote qu’on est rentré dans le demi-cercle de l’adversaire, ça démontre que la technique offensive est bonne.  Nous, on n’en a marqué que deux ou trois dans l’ensemble du tournoi olympique, ce n’était vraiment pas assez. Il faut avouer qu’on n’a pas été très bons.

 

Vous avez terminé votre tournoi par un match de classement pour la onzième place, et vous vous êtes inclinés face à la Pologne…
Nous avons fini le temps réglementaire sur un score nul, donc nous sommes allés en prolongations, on a dû en faire quatre au total, ça a duré un temps fou, pratiquement le double du temps réglementaire ! Le match devait finalement se solder par le premier but d’une équipe ou de l’autre, ce sont les Polonais qui ont marqué. Ils ont eu la victoire pudique car c’était simplement pour la onzième place. On a donc fini douzièmes.

 

Si je regarde mes matchs des années 70 j’ai honte ! Par rapport à maintenant, ça n’a rien à voir 

 

Que s’est-il passé après ces Jeux de 1972 ? Avez-vous tenté la sélection pour les JO de 1976 ?
Moi je voulais continuer, et je n’étais pas le seul. On avait cette chance de vivre notre passion d’une façon merveilleuse, on était étudiants, c’était du bonheur à l’état pur. On avait de bonnes perfs, on voulait continuer jusqu’à Montréal 1976. En 1975, il y a eu un France-Belgique en Belgique, on nous avait dit que ce match était qualificatif pour Montréal. On a gagné 3/0, on était contents ! Sauf que les instances politiques ont demandé qu’on rejoue le match, huit mois plus tard à Madras. Les Belges nous ont battu 1/0 alors qu’on dominait. Quelle déception !

 

Vous n’avez pas voulu déposer une contestation ?
Non c’était comme ça. C’est le CIO qui invitait sport par sport et dans le ranking international, il nous manquait une place pour être sélectionné. On ne leur en a pas voulu.

 

Et ensuite ?
Ca a été le début de la moindre performance de l’équipe de France. Moi j’ai arrêté de jouer en 1980. Ensuite, la fédération m’a demandé d’être chef de délégation, dans les années 1988 -1990, à l’époque nous avions une bonne équipe, on a terminé 7e de la Coupe du monde 1990, mais ils ont raté leur qualification pour les Jeux.  Le groupe était trop restreint, les joueurs avaient eu trop de déplacements, ils sont arrivés nerveusement fatigués. Ca a longtemps été le problème, trop peu de licenciés donc pas assez de joueurs pour faire monter du haut-niveau.

 

Ce que font les joueurs à l’heure actuelle est hallucinant. [...] Aujourd’hui, les joueurs sont plus forts, plus rapides, plus tout ! 

 

Jusqu’à cette Equipe de France 2022…
Ils méritent tellement leur place pour les Jeux de 2024 ! C’est une super équipe qui a inclut pas mal de jeunes. Ils ont raté leur qualification pour Tokyo de peu. En 2024 ils seront là avec de l’expérience et un bon niveau de Jeux. Il sont vingt-huit, dix-huit seulement seront retenus, ça laisse de la marge. On est allé les voir jouer avec les copains et on compte bien aller les voir sur les grosses compétitions internationales jusqu’en 2024.

 

Quel regard portez-vous sur le jeu de 1972 et le jeu à l’époque actuelle ?
Si je regarde mes matchs des années 70 j’ai honte ! Par rapport à maintenant, ça n’a rien à voir. Ce que font les joueurs à l’heure actuelle est hallucinant. Mais il faut dire que c’est aussi lié aux règles et au terrain. Le hockey est l’un des sports qui a le plus fait changer ses règles : le temps de jeu, la touche à la main, les changements de joueurs... Avant, on faisait entrer un nouveau joueur uniquement sur blessure d’un autre, maintenant ils peuvent changer autant de fois qu’ils le veulent, ça rend le match beaucoup plus dynamique. En 1972 on jouait sur gazon, ça a duré jusqu’en 1982, puis on est passé au synthétique et le jeu a radicalement changé, il n’y a qu’à voir les scores. Le jeu va deux fois plus vite, la balle ne saute pas car il n’y pas de mottes de terre comme il pouvait y avoir sur gazon. Les joueurs sont plus forts, plus rapides, plus tout ! Par contre ils sont moins adroits car la balle ne bouge pas, nous, on avait besoin de plus de dextérité. Mais l’adresse nuit à la vitesse, maintenant c’est beaucoup plus spectaculaire.

 

* HCN : Hockey Club de Nantes. Alain Tétard en a été le co-président de 1982 à 2004.

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