Ngayap Hambou : Une bonne surprise peut en cacher une autre

On ne dira pas que Joan-Benjamin Gaba ne nous avait pas prévenus. Il y a deux jours, médaille d’argent des moins de 73 kilos autour du cou, il nous avertissait, tout sourire : « Maxime-Gaël va faire pareil que moi. » Et effectivement, Maxime-Gaël, Ngayap Hambou de son nom de famille, a fait pareil que lui, ou presque, chez les moins de 90 kilos. Soit décrocher une médaille olympique largement inattendue, mais qui atteste de la densité et de la qualité de ce groupe France olympique de judo. Les parallèles avec Gaba sont nombreux : ils ont le même âge, 23 ans – millésime 2001 – et « on se connaît depuis qu’on est petits, explique Maxime-Gaël. On a fait le pôle espoir ensemble, l’Insep ensemble… Joan, c’est un frère. Et avec sa médaille l’autre jour il m’a donné de la force. »

Leur classement mondial à instant T les rapproche aussi : 35^e pour Gaba, 38^e pour Ngayap Hambou. Autrement, de purs outsiders de la compétition olympique. Mais ils compensent par une attitude conquérante, une agressivité qui leur vaut de renverser des montagnes. Pour son entrée en lice, Maxime-Gaël se débarrasse d’un David Klammert qui subit tout le combat jusqu’à encaisser un troisième shido. Au tour suivant, il réussit un splendide ippon sur l’Azerbaïdjanais Eljan Hajiyev, pourtant en pleine bourre en 2024, champion d’Europe et très à son avantage en Grand Slam. « C’est le moment où je sens que ma journée bascule, estime notre héros du jour. Là, je savais que j’étais parti pour faire un gros truc. » Waza-ari au golden score contre le Grec Theodoros Tselidis, et le voilà en demies. Ici diverge la trajectoire avec son frère Gaba, puisqu’il est écarté sur ippon par le Japon Murao Sanshiro.

 

Crédit : CNOSF/KMSP

 

« Le président nous a fixé l’objectif de dix médailles, on est dans les temps »

Pas grave : il reste une médaille olympique à conquérir. Et il l’arrache au Brésilien Rafael Macedo sur un troisième shido à quatre secondes du terme – une main dans la manche. « Je comprends direct, revit celui qui est à présent médaillé olympique. Je me relève, je vois les potes qui font des grands gestes dans les tribunes et l’arbitre qui se tourne vers le Brésilien... » Il fonce alors vers ses proches, « les amis, ma maman, mon papa, ma tante… célébrer avec eux. Cette médaille, c’est un sentiment d’accomplissement. J’ai travaillé dur pour l’obtenir, il y a eu des moments tristes avec des blessures… Je suis très satisfait de ce bronze. »

Grâce à lui, la team judo tricolore perpétue sa bonne habitude d’au moins une médaille quotidienne au Champ-de-Mars depuis le début de ces Jeux : cinq journées de compétition, sept médailles ! « Le président (de la Fédération française de judo, Stéphane Nomis, ndlr) nous a fixés l’objectif de dix médailles, on est dans les temps », lâche t-il. Et si l’or manque à cette heure à l’appel (deux médailles d’argent, cinq de bronze), les Bleus ont encore, de Teddy Riner à Romane Dicko en passant par l’épreuve par équipes, de sacrées cartes à abattre ces prochains jours.