Teddy Riner se relève en champion
Il était un peu plus de midi à Tokyo quand un séisme a secoué le Nippon Budokan. Battu en quarts de finale de la catégorie des plus de 100 kg, Teddy Riner venait de perdre sa couronne et n’allait pas réussir le triplé que toute la France espérait et attendait. Le roi était à terre, battu sur waza-ari par le n°1 mondial Russe Tamerlan Bashaev.
La journée avait bien commencé pour le double champion Olympique avec un ippon en apéritif aux dépens de l’Autrichien Stephan Hegyi, puis une victoire sur waza ari contre l’Israélien Or Sasson. Face à Bashaev, le combat atteignait des sommets de tension sans que grand-chose ne se passe. Les deux hommes partaient donc au golden score (prolongation) où Bashaev tentait un mouvement d’épaule contré par notre judoka. Mais le Tchétchène avançait alors et l’arbitre accorda logiquement le waza-ari qui faisait définitivement pencher la balance. Bashaev pouvait filer vers les demi-finales.
Mais en homme résilient, après avoir souffert mille maux ces 18 derniers mois pour revenir à son meilleur niveau, Teddy serrait les dents pour dominer d’abord le Brésilien Silva dans le tableau de repêchages avant d’arracher la médaille de bronze au Japonais Hisayoshi Harasawa, celui qu’il avait justement battu cinq ans plus tôt dans le finale des Jeux de Rio. Le champion : bronze à Pékin en 2008, or à Londres et à Rio et donc à nouveau la médaille de bronze à Tokyo. A 32 ans, le géant de Pointe à Pitre n’a peut-être pas dit son dernier mot….
Cette médaille, c’est celle du courage et de la fierté. D’habitude, je l’enlève mais là je laisse
« Une fois que tu sais que tu n’auras pas l’or, il faut simplement se faire plaisir. Ce sont les mots que mon entraîneur m’a dits, et il avait raison. Tout le staff le sait. Je reviens de très loin. Je n’ai pas l’or mais je suis très fier de cette médaille de bronze. Je vais la savourer parce que ça a été difficile ces derniers mois entre les blessures, les remises en question, la défaite à Paris. Ca change beaucoup de choses dans la tête. Mais honnêtement, je suis revenu à un excellent niveau. Il y a juste un peu de frustration. Cette médaille, c’est celle du courage et de la fierté. D’habitude, je l’enlève mais là je laisse. Aujourd’hui, j’arrivais avec des questions. Mais je sais que je peux encore gagner des médailles donc je suis content.
Je grandis encore en tant qu’homme et en tant que père. Les messages que je peux transmettre à mes enfants sont extraordinaires. Il faut apprendre à perdre. Aujourd’hui, j’ai appris à perdre. J’ai encore deux grands titres à aller chercher, demain (samedi) avec l’équipe et dans trois ans à Paris en 2024. Après je refermerai le livre. »